Scandale dans le commerce des anguilles : un opérateur du secteur réagit et clarifie
La directrice exécutive de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Ghada Waly, alerte sur l’utilisation du secteur des anguilles pour le blanchiment d’argent issu du trafic de drogue.

Réagissant à ce dossier, l’entrepreneur Walson Sanon, opérateur dans le commerce des anguilles, juge regrettable que ce secteur puisse être utilisé à des fins illicites, notamment pour le blanchiment d’avoirs issus du trafic de drogue. Il s’est confié à Lentille Info lors d’une interview.
La rédaction de Lentille Info publie in extenso l’entretien avec Walson Sanon.
LentilleInfo : La directrice exécutive de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), Ghada Waly, alerte sur l’utilisation du secteur des anguilles pour le blanchiment d’argent issu du trafic de drogue. En tant qu’acteur du secteur, pensez-vous qu’il soit possible d’utiliser cette filière pour blanchir de l’argent sale ?
Walson Sanon : Merci pour cette occasion qui m’est offerte d’apporter des éclairages sur certaines questions préoccupantes dans le secteur du commerce de l’anguille.
En effet, M…, il est regrettable d’entendre que ce secteur puisse être utilisé à des fins illicites telles que le blanchiment des avoirs issus du trafic de drogue et d’autres activités criminelles. En tant qu’acteurs, nous sommes assujettis à un ensemble d’exigences établies par les autorités compétentes aux fins d’exploitation (détention d’une autorisation) et d’exportation (respect des normes internationales en matière de douane).
Le devoir de veille pour garantir transparence, éthique, équité et sécurité nationale et internationale revient aux autorités compétentes et aux institutions pertinentes.
Quant au blanchiment d’argent sale dans le secteur des anguilles, bien que nous ne puissions pas exclure totalement la possibilité d’abus, nous sommes convaincus que les mesures de contrôle et de surveillance en place dans notre secteur devraient être renforcées. Les institutions compétentes devraient être plus proactives, voire plus efficaces, pour détecter et prévenir tout type de fraude ou d’activité illicite.
LI: Compte tenu de l’organisation du secteur, estimez-vous que l’analyse de l’ONUDC est fondée ?
W S: La chaîne d’approvisionnement du secteur, nous le reconnaissons, est très complexe. Il est donc évident que les défis sont majeurs, notamment en termes de risque de blanchiment des avoirs.
Toutefois, nous ne saurions remettre en question les déclarations de l’ONUDC, qui dispose probablement de données lui permettant de conclure que certaines personnes utilisent le commerce de l’anguille pour le blanchiment des avoirs.
Cette réalité est également valable pour de nombreux secteurs d’activité ou filières où des groupes criminels profitent du système pour blanchir l’argent issu du trafic de drogue.
LI: ce secteur est-il régulé par des institutions publiques ? Si oui, quelles sont ces institutions ?
W S: Oui, le secteur des anguilles est régulé par des institutions publiques. Dans notre pays, les institutions compétentes sont :
Le ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural pour l’octroi des permis d’exploitation et d’exportation en tant qu’organe régulateur.
Le ministère du Commerce pour l’encadrement juridique des entreprises.
La Direction Générale des Impôts (DGI) pour la fiscalité.
Les services de douane pour la conformité aux réglementations.
Les forces de police pour assurer la sécurité, prévenir et réprimer tout transport de marchandises illicites.
LI : La douane, le ministère du Commerce et d’autres institutions publiques mettent-ils en place des mesures pour protéger ce secteur des activités illicites
W S : Oui, les institutions publiques compétentes ont mis en place des mesures pour protéger le secteur des anguilles des activités illicites. Cela relève de leurs prérogatives.
LI : Comment rétablir la confiance et apaiser les tensions alors que de nombreuses personnes dépendent de cette activité pour leur subsistance
WS : Le commerce est digne de confiance, car il s’agit d’une activité légale, autorisée par les autorités compétentes du pays et respectant les normes nationales et internationales. De plus, les pêcheurs sont des citoyens honnêtes auprès desquels nous achetons nos produits. Autrement dit, nous participons à la création d’emplois durables tout au long de la saison de pêche, établie par les autorités.
La confiance se construit lorsque tous les acteurs de la chaîne respectent ou font respecter les règles du jeu. Cela inclut :
L’organe régulateur, qui doit octroyer les permis avec équité;
Les forces de police, qui doivent garantir la sécurité;
Les institutions internationales, comme l’ONUDC, qui doivent collaborer avec les autorités nationales dans la lutte contre le blanchiment des avoirs.Par exemple, dans le dernier rapport de la représentante du Secrétaire général de l’ONU en Haïti, il est mentionné que certaines personnes sont soupçonnées d’activités criminelles dans le secteur. Afin d’établir cette confiance, il serait judicieux que l’ONUDC prenne les mesures appropriées en conséquence.
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