Dans un geste présenté comme un appui stratégique à la lutte contre les gangs armés, les États-Unis ont livré cette semaine vingt véhicules blindés à la Force de répression des gangs (FRG) en Haïti. Ce don, orchestré par le Bureau américain des affaires internationales de stupéfiants et d’application de la loi (@StateINL), s’inscrit dans une coopération sécuritaire renforcée entre Washington et Port-au-Prince.
Selon les autorités américaines, ces engins blindés visent à améliorer la mobilité, la protection et l’efficacité des unités de la FRG et de la Police nationale d’Haïti (PNH), dans un contexte où les zones gangrénées par la violence se multiplient. Ce soutien logistique est présenté comme une nouvelle étape dans l’engagement des États-Unis pour la stabilité du pays.
Mais derrière les chiffres et les blindés, une question demeure : que signifie réellement cette aide pour les Haïtiens pris au piège de l’insécurité ?
La livraison intervient une semaine après l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution autorisant le déploiement d’une force de répression des gangs de 5 500 soldats et policiers pour appuyer la FRG. Une décision saluée par certains comme un tournant, mais qui suscite aussi des interrogations sur la souveraineté nationale, l’efficacité réelle de ces interventions, et surtout, leur impact sur les communautés locales.
Car si les blindés roulent, les familles fuient. Si les stratégies s’élaborent, les enfants cessent d’aller à l’école. Et si les discours se multiplient, les habitants des quartiers populaires attendent toujours des réponses concrètes à leur détresse quotidienne.
Ce geste américain, bien qu’important sur le plan opérationnel, soulève aussi des préoccupations sur la dépendance croissante d’Haïti à l’aide étrangère pour assurer sa sécurité. La FRG, encore en phase de structuration, est appelée à jouer un rôle central dans la lutte contre les gangs. Mais sans réforme profonde de la justice, sans accompagnement social, et sans volonté politique locale, les blindés risquent de n’être qu’un pansement sur une plaie béante.
La population haïtienne, épuisée par des années de violence, d’instabilité et de promesses non tenues, observe avec prudence cette nouvelle étape. Les blindés sont là. Les soldats arrivent. Mais la paix, elle, reste à construire. Et elle ne se décrète pas : elle se gagne, jour après jour, avec courage, justice et dignité.
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