Eudes Lajoie : “L’oligarchie détruit Haïti pour protéger ses privilèges”

L’ancien directeur général du Service national de gestion des résidus solides (SNGRS), Eudes Lajoie, a tiré la sonnette d’alarme sur ce qu’il décrit comme une “prise d’otage totale” de l’État haïtien par une poignée d’oligarques. Lors d’une conférence de presse tenue ce jeudi 9 octobre à l’hôtel Kinam à Pétion-Ville, il a dénoncé “une élite économique sans scrupules” qui, selon lui, maintient le pays dans la misère pour sauvegarder ses privilèges.

« Haïti vit le moment le plus difficile de son histoire », a déclaré Eudes Lajoie d’un ton grave. Il estime que l’oligarchie, complice du chaos actuel, dirige le pays dans l’ombre depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021. « Ces acteurs économiques ne veulent ni stabilité, ni progrès, ni développement. Leur seul objectif est la préservation de leurs privilèges », a-t-il insisté.

Selon l’ancien haut fonctionnaire, cette mainmise s’est d’abord traduite par le maintien d’Ariel Henry à la tête du gouvernement, puis par la création du Conseil présidentiel de transition (CPT), “devenu un instrument de contrôle total des institutions publiques”. Eudes Lajoie affirme que cette structure détient une majorité décisionnelle au sein du pouvoir exécutif et influence des institutions stratégiques telles que la Police nationale d’Haïti (PNH), la Douane et l’Autorité portuaire nationale (APN).

« L’oligarchie a verrouillé tout le système », a-t-il accusé, dénonçant également “le silence complice” de la société civile. « Où sont passées la presse engagée, les organisations de défense des droits humains et les intellectuels ? Trop de gens ferment les yeux sur le vol et le pillage du pays », a-t-il déploré.

Pour Lajoie, le “processus kleptocratique” en cours détruit les fondements du développement national : « Moins d’hôpitaux, moins d’écoles, moins d’universités. Une autre génération est encore sacrifiée », a-t-il regretté.

*Entre corruption, violence et effondrement social*

Eudes Lajoie a également affirmé que l’élite économique et politique actuelle est responsable de la prolifération des armes, du trafic de drogue et de la montée de la criminalité dans les quartiers populaires. « Ils ont semé la terreur, brûlé des maisons, kidnappé, violé et tué », a-t-il dénoncé, accusant les autorités d’alimenter la violence pour conserver le pouvoir.

L’ancien directeur du SNGRS soutient que cette situation a engendré “la pire crise humanitaire de l’histoire récente du pays”, forçant plus de trois millions de personnes à fuir leur foyer. Il appelle à une prise de conscience collective pour éviter la disparition d’Haïti : « Si nous laissons ces forces triompher, le pays perdra son âme. »

“Haïti ne peut pas mourir entre les mains de quelques privilégiés”

Rendant hommage à Jovenel Moïse, qu’il décrit comme “un défenseur du peuple face aux puissances économiques”, Eudes Lajoie a exhorté la jeunesse, les travailleurs et la diaspora à se mobiliser pour bâtir un État nouveau, libéré des griffes de l’oligarchie.

« Haïti ne peut pas mourir entre les mains de quelques privilégiés », a-t-il conclu, appelant à un sursaut national pour rétablir la dignité du pays et redonner espoir à la population.

LentilleInfo